Intégration régionale

Le Laos a à coeur l’intégration régionale autant pour des raisons politiques qu’économiques.

D’un point de vue économique, la multiplication des partenariats permet de stimuler le marché des matières premières au coeur de l’économie lao et d’encourager les investissements étrangers.

D’un point de vue politique, plusieurs raisons poussent le pays à s’investir régionalement :

  • Calmer les tensions régionales et réduire le risque provenant de ses voisins.
  • Permettre au Laos de s’asseoir à la table des puissances tout en prenant une certaine importance diplomatique.
  • Trouver de nouveaux moyens de pression diplomatique

Depuis la fin de la guerre froide, la stratégie du Laos dans la région n’a pas été de s’aligner sur une puissance en particulier pour gagner en importance, mais de justement jouer sur les rivalités au sein de la zone et d’explorer toute opportunité qui contribuerait à son développement. Le Laos entretient, dans cette optique, des relations avec des puissances d’Asie, d’Océanie et d’Europe.

Cette ligne directrice pousse le pays à prendre très au sérieux les accords bilatéraux, parfois plus que les arrangements régionaux. Ces accords permettant au pays de jouer sur les ambitions opposant les puissances de la région, le Laos aura recours à une fine gestion de ses ressources excédentaires pour faire sa place dans les relations régionales. En effet, le pays doit recourir à la subtilité en ne donnant jamais assez à chacun des pays limitrophes pour attiser une certaine jalousie, mais en ne retenant pas trop les échanges non plus pour ne pas froisser une des puissances. Tout cela en n’entrant jamais directement en opposition avec ses voisins.

Malgré tout, les problèmes au sein du pays contribuent à sa fragilité et limitent les possibilités du pays. Différences de niveau de vie, dissensions internes, corruption et rivalités ethniques contraignant le Laos à une position de faiblesse internationale par rapport à ses voisins.

Le pays étant en ce moment en progression vers une économie de marché, il dépend donc fortement des investissements étrangers pour financer ses projets de développement. Une politique extérieure basée sur la coopération est donc essentielle pour une population faisant partie des plus pauvres dans le monde.

Enfin, retrouver une certaine image sur la scène internationale reste un enjeux majeur pour le Laos. Malheureusement, la course au développement présente d’importantes conséquences sociales et environnementales n’améliorant pas l’image d’un pays profondément divisé. Progresser vers une croissance à l’image du développement durable semble donc être un objectif capital à l’avenir si le pays souhaite redorer son blason.

L’intégration régionale est donc particulièrement importante, une intégration qui se fait d’abord et avant tout au travers de l’ASEAN.

Le Laos et l’ASEAN.

Fondée en 1967 en réaction à la montée du communisme dans l’Asie du Sud-est, l’organisation internationale associait originellement cinq pays afin de lutter contre les atteintes à la souveraineté des puissances socialistes : La Chine et le Vietnam.

L’organisation au fil du 20e siècle se détache petit à petit de l’aspect politique pour faire progresser l’aspect économique en intégrant des nations ayant à cœur le développement et la croissance économique en Asie du Sud-est.

L’ASEAN a plus particulièrement pour objectif, depuis la chute du bloc soviétique et la fin des guerres d’Indochine, d’encourager une unité politique au sein de la région au travers d’accords économiques. Les tensions entre les pays et les différences idéologiques ont été les principales barrières à ces objectifs. Si les années 90 montrent un relâchement, les attentats de 2001 ont relancés les débats au sein de l’organisation.

En 1992, le Laos et le Vietnam, avec la chute de l’URSS et le relâchement de la Chine, signent un traité d’amitié et de coopération avec l’ASEAN en Juillet 1992. Traité qui mènera à l’intégration complète du Laos en 1997.

Cette inclusion au trentième anniversaire de l’organisation est un triomphe pour une organisation qui s’était toujours prévalue de ses ambitions régionales et non pas sous-régionales.

Face à ce constat nous pouvons nous demander quels intérêts a le Laos à rejoindre l’ASEAN ?

  • Une première hypothèse souligne la simple rationalité de l’action. Le Laos n’étant pas une puissance régionale, pourquoi refuserait-il de rejoindre une organisation promettant développement économique et désenclavement géographique. L’ASEAN est un moyen pour le Laos de sortir de son isolement, le pays n’ayant aucune frontière maritime.

Par ailleurs, le Laos gagne une importante table de discussion où sa voie aura (officiellement) autant d’importance que celle d’autres puissances régionales. Tout cela sachant que l’ASEAN se caractérise par son absence d’instruments contraignants.

  • Plus qu’une question d’intérêts, pour d’autres, c’est une question de sécurité qui prime. N’oublions pas que le Laos est bordé de puissances dont le pays n’est pas en capacité de lutter contre. Hégémonies Chinoises, Thaïlandaises et Vietnamiennes voient le Laos comme un pays sur lequel exercer leur influence grandissante.

Entrer dans l’ASEAN a ainsi un double objectif : D’une part faire front commun face aux puissances extérieures comme la Chine mais également modérer les ambitions des pays comme la Thaïlande au sein même de l’organisation. Ces puissances se doivent ainsi de considérer le Laos en termes institutionnel et non plus simplement étatique.

  • Enfin, l’ASEAN représente également une opportunité pour le Laos de retrouver une certaine indépendance. Après des années de colonisations thaïlandaise et française, d’assauts américains et d’hégémonie russe, chinoise et Vietnamienne, le pays semble enfin retrouver une certaine liberté. Les activités au sein de l’ASEAN permettent en effet de réduire tout risque d’usage de la force ou d’ingérence en Asie du sud-est.

Avec l’ASEAN, le Laos intègre une communauté où il est protégé des ambitions extérieures et est pris comme égal par les pays de la région. Il est protégé internationalement sans avoir à passer sous tutelle.

Par ailleurs, l’organisation permet au pays de traiter avec d’autres pays eux-mêmes au sein de l’organisation en laissant de côté méfiance et différences institutionnelles ou idéologiques. Les échanges entre le Laos et la Malaisie ne sont ainsi plus des échanges entre un pays communiste affilié au bloc soviétique et un pays capitaliste affilié au bloc américain, mais entre deux pays d’une même région avec des intérêts convergents et appartenants à une organisation qui garantit le respect des relations internationales.

Source : Gunawan Kartapranata, Wikipedia. “ASEAN”. En ligne (consulté le 31 Mars 2021).

Malgré ce beau portrait qu’on peut peindre de l’ASEAN, n’oublions pas que de lourds obstacles subsistent au sein même de l’organisation. Rappelons que l’ASEAN n’est qu’une communauté économique avec en son sein des États aux volontés propres, l’organisation ne peut ainsi tenir toutes ses promesses d’égalité, de sécurité et de solidarité.

Enfin, le Laos reste fortement limité dans son action institutionnelle par ses moyens financiers. Le pays ne peut, par exemple, pas se permettre de participer à l’ensemble des réunions de l’organisation ce qui réduit fortement son influence sur les prises de décision.

Pour compléter

Pour en savoir plus sur l’intégration régionale du Laos en Asie du Sud-est nous vous recommandons de consulter ces billets de blogue écrits par des étudiants du cours POL3401: Asie du Sud-Est à l’Université de Montréal :

Amélie Brideau (2018). Le Laos et l’ASEAN. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Blogue sur l’Asie du Sud-est (2018). Le Laos et la Thaïlande : des relations tendues “attendries”. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Amélie Brideau (2018). La Chine : investisseur et pays donateur au Laos. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Sources :

Image d’en tête : Leaders d’Asie du Sud est. Partant de la gauche : Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos (secrétaire général Thongloun Sisoulith).

Gomez, Jim et Kaweewit, Kawejinda (2019). “ASEAN leaders call for restraint amid sea row, US-China rift” AP news. En ligne (consulté le 31 Mars 2021).

Banomyong, R., & Pholsena, V (2004). Chapitre 2. “Un positionnement régional : l’intégration à l’Asean”. Dans, Le Laos au XXIe siècle : Les Défis de l’intégration régionale.  Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine. En ligne (consulté le31 Mars 2021).

Perspective Monde (2008). L’ASEAN à la recherche de stabilité. En ligne (consulté le 31 Mars 2021).

Mottet, É. (2015). Géopolitique du Laos: Des ressources naturelles au service d’une intégration régionale. Revue internationale et stratégique, 2(2), 16-25. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).