Le royaume de Lan Xang (1353-1694)

Pour voir les premières traces d’une histoire propre au peuple et au territoire lao, il nous faut revenir au 13e siècle. Plusieurs théories tentent alors d’expliquer l’arrivée de l’ethnie thaï au Laos, ethnie non-autochtone et pourtant majoritaire de nos jours.

En 1292 s’établissent les premiers regroupements lao sur le territoire. Les Thaï notamment seraient descendu en Indochine fuyant les attaques mongoles et auraient repoussés les populations autochtones austro-asiatiques vers les montagnes. Une autre théorie considère que les Thaï ont lentement migré vers le sud coopérant avec les peuples autochtones avant de se retourner contre eux. Concernant l’origine des populations autochtones, le mythe veut qu’à l’origine existaient deux courges géantes que les êtres divins percèrent. De chacune de ces courges émergèrent lao-theung (lao à la peau sombre) et lao-loums (lao des plaines).

Quoiqu’il en soit, l’histoire veut que 20 rois aient d’abord régné sur la région, tous descendants de Khun Borom, premier roi et figure majeure de la tradition lao.

Tout ce qui précède est cependant imprécis et relève plus de la théorie et du mythe que de la réalité. Le premier évènement de l’histoire du Laos peut être daté avec exactitude en 1353, date de l’arrivée du roi Fa Ngum dont l’existence est incontestable.

Statue du prince Fa Ngum à Vientiane.
Source : Chaoborus, Wikipedia, “Fa Ngum”, En ligne (consulté le 14 Mars 2021).

Exilé au Cambodge, le prince Fa Ngum s’intègre à la cour royale khmère (puissance régionale à l’époque) et s’attire les faveurs de la famille royale qui confie au prince 10 000 combattants pour reprendre son pays. La reconquête est longue et est retranscrite de nos jours sous la forme d’une épopée prenant une place importante dans la culture lao.

À la fin des conquêtes, voit alors le jour le premier vrai royaume lao unifié, royaume qui montrera un rayonnement culturel et hégémonique important dans la région. Son père étant mort durant les conquêtes, c’est Fa Ngum qui prend les rênes du royaume qu’il surnommera le “Lan Xang” qui se traduit par royaume du “million d’éléphants”. Le Royaume à l’époque continuera à s’étendre par la suite, conquérant des territoires aujourd’hui localisés au sein de la Thaïlande.

L’image d’en-tête est une carte du Royaume de Lan Xang (vert) et de ses voisins au XVe siècle.

Autre détail important de l’histoire est la venue du “P’ra Bang” statue de Bouddha mystique entièrement recouverte d’or qui sera acheminé du Cambodge en cadeau. La statue prendra une importance telle qu’elle deviendra le “palladium” du pays, soit l’âme du royaume lao, inspirant également le nom de la capitale du royaume “Luang Prang” signifiant “puissant et royal”.

Fort de ses succès, le prince se permettra de plus en plus d’excès, ce qui mènera ses ministres à fomenter un coup d’État et à exiler le prince.

Certains dirigeants du Royaume se démarqueront par la suite par leurs règnes :

Sam Sen Tai ( régent de 1373 à 1415) : Fils de Fa Ngum, il est connu pour son respect de la loi bouddhiste, ses actions pacifiques, son adresse diplomatique et pour avoir confronté les premières invasions birmanes.

Nang-Kèo (Régente de 1428-1440) : Fille de Sam Sen Tai, elle fût la seule femme à assumer la souveraineté du royaume Lan-Xang. Elle conserve le pouvoir en épousant et en faisant trépasser plus de 10 maris et en assumant elle-même le rôle de régent pendant 4 mois avant d’être exécutée après un coup d’État de nobles refusant de reconnaître le rôle de souverain à une femme. Elle reste dans la légende pour son habileté politique et sa maitrise du pouvoir.

Setthâthirat (Littéralement « le meilleur roi des roi », régent de 1548 à 1571) : il affronte les birmans jusqu’à sa mort et déplacera la capitale de Luang Prabang à Vientiane en 1563 où il fera construire le palais royal “me Vat’rat Kèo” et le “T’at Luang”, des bâtiments encore mythiques aujourd’hui.

Suriyavongsa (ou “Roi soleil”, régent de 1637 à 1694) : Sûrement le souverain le plus connu après Fa Ngum, il met en place une Monarchie absolue de droit divin (un peu à l’image de Louis XIV) et règne pacifiquement grâce à une armée puissante et moderne, une maitrise de la diplomatie exemplaire et son attachement à la tradition, la justice et la religion. C’est également durant son règne que sont recensés les premiers contacts avec des européens, plus précisément des Hollandais Va Wuysthoff et P. de Marini qui feront état d’impressionnantes richesses et d’une majestueuse culture.


Sources :

Carte de tête de page : Wikipedia. “Lan Xang”. En ligne (Consulté le dimanche 14 Mars 2021).

Lévy, Paul (1974). Histoire du Laos. Paris : Presses universitaires de France. 

Souk-aloun, Phou Ngeun (2002). Histoire du Laos Moderne (1930-2000). Paris : L’harmattan.