La position du Laos est paradoxale dans la mesure où elle présente autant de faiblesses que d’avantages.

D’une part, non seulement le Laos n’a pas accès à la mer, mais en plus son nombre élevé de voisins rend très technique le jeu des relations internationales pour lui.

Néanmoins, sa position enclavée est rattrapée par le fait que le Laos se trouve au coeur de l’espace continental d’Asie du Sud-est. Le pays prend donc un rôle d’État tampon aux atouts géostratégiques surprenants.

Le Laos : Un véritable “réserve naturelle”

Un de ces atouts est notamment son abondance de ressources face à une population relativement faible (due à des raisons historiques). Le pays se retrouve donc avec un important excédent de ressource hydroélectriques, minières et agricoles faisant de lui une véritable réserve naturelle. Ce statut permet au Laos de multiplier les accords sur les échanges de ressources et de prendre le rôle de marché visant à combler le manque de ses voisins. Fait particulièrement important sachant que dans les dernières années, le prix des matières premières a eu tendance à monter.

Mis à part ses importantes ressources, la position géographique du pays lui donne le contrôle sur une des rives du fleuve Mékong, fleuve central en Asie du Sud-est continental. La gestion du fleuve devant être partagée par ceux qui y ont accès, tout travaux sur le fleuve se doit de passer par le Laos.

Plus qu’un atout, le Mekong est une véritable nécessité pour le pays qui n’a pas d’accès direct à la mer. Depuis la fin de la colonisation française et la séparation du Cambodge, du Vietnam et du Laos, le pays s’est retrouvé coupé du commerce mondial. Le Mekong est ainsi capital au Laos si celui-ci souhaite réduire son isolement politique et économique et stimuler ses activités commerciales.

Si le passage Khone (obstacle à la frontière lao-cambodgienne) semble géographiquement complexe à franchir empêchant le Laos d’atteindre la mer, il n’empêche que la navigation par le fleuve permet d’atteindre rapidement des points éloignés sur le continent.

Tant que des travaux permettant une meilleure navigation sur le fleuve ne seront pas entrepris, le Mekong restera malgré tout un fleuve à intérêt limité ne permettant pas d’accès à l’océan.

Une telle entreprise reste cependant impossible à mettre en place par le Cambodge et le Laos sans aide extérieure, et une entente entre les pays de la zone ne semble pas se profiler à l’horizon.

Les coûts nécessaires seraient de plus de 500 millions de dollars estime une commission des nations unies, mais les gains économiques et sociaux seraient considérables pour les pays bordant le fleuve.

Le Laos au Coeur de l’Asie du Sud-Est continental

Enfin, sa position centrale dans le continent fait du pays un acteur non négligeable dans les plans des puissances limitrophes. Cet intérêt a d’ailleurs, par le passé, poussé les voisins du Laos à tenter d’envahir le pays dans le but de prendre possession de ses ressources. Au temps de la diplomatie et du soft power cependant, Chine, Vietnam et Thaïlande s’emploient à courtiser le pays au travers d’investissements et de partenariats dont le pays a besoin pour se développer. Le Laos profite de ces avances pour jouer sur la peur qu’ont ces acteurs les uns des autres, notamment la Thaïlande souhaitant rester partenaire privilégié du Laos face à l’empire du milieu.

Zone d’épicentre des conflits en Asie du Sud-Est et frontière idéologique entre mondes capitalistes et communistes, le Laos intéresse par son potentiel économique malgré son retard de croissance et de développement. Plusieurs puissances comme le Japon, l’Europe, la Corée du Sud, la Chine et la Thaïlande commencent déjà à se rapprocher de ce petit pays d’Asie. Si le Laos n’accorde aucune politique préférentielle pour l’instant, la montée en puissance de la Chine et le développement du jeu des relations internationales au 21e siècle pourront à l’avenir forcer la main au pays.

Pour compléter

Blogue sur l’Asie du Sud-est (2018). Le Laos et la Thaïlande : des relations tendues “attendries”. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Amélie Brideau (2018). La Chine : investisseur et pays donateur au Laos. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Samuel Morneau (2019), La pauvreté en eau et l’injustice face aux terres: Une vision sectorielle et géographique au Laos. En ligne (consulté le 12 Avril 2021).

Sources :

Image d’en tête : Le Mékong en Asie du Sud-est.

Chine information. “Mekong”. En ligne (consulté le 31 Mars 2021).

Nguyen Quoc Dinh. “L’internationalisation du Mékong”. In: Annuaire français de droit international, volume 8, 1962. pp. 91-115. En ligne (Consulté le 31 Mars 2021).

Mottet, É. (2015). “Géopolitique du Laos: Des ressources naturelles au service d’une intégration régionale“. Revue internationale et stratégique, 2(2), 16-25. En ligne (consulté le 31 Mars 2021).