Colonisation et implantation du protectorat français (1851-1893)

Au milieu du XIXe siècle, presque l’ensemble du Laos est sous contrôle siamois, la puissance limitrophe convoite alors l’annexion les derniers territoires libres de l’ancien royaume de Lan Xang, soit les royaumes de Luang Prabang et de Champasak.

En 1851, le roi de Luang Prabang, effrayé par l’arrivée de Tai ping (troupes révolutionnaires du sud de la chine refoulées par l’armée chinoise vers l’Asie du Sud-est) est forcé de demander de l’aide au Siam. Demande d’aide qui fut de nouveau formulée en 1876 lorsque les populations austro-asiatiques autochtones se soulèveront contre le souverain.

Les deux royaumes de Luang Prabang et de Champasak sont donc très fragiles à l’arrivée des français au 19e siècle. Ces royaumes vestiges du Lan Xang sont étouffés par les ambitions des 3 puissances voisines (Siam, Vietnam et Birmanie) qui souhaitent prendre contrôle du fleuve Mekong.

C’est dans ce cadre que le gouvernement de Napoléon 3 organise l’entrée des forces françaises en Asie du sud-est continental, prétextant protéger les missionnaires catholiques des persécutions vietnamiennes. La France envahie alors par le Vietnam en 1859 et en 1887 Vietnam et Cambodge sont définitivement sous contrôle de l’hexagone.

Suivant les révolutions austro-asiatiques de 1876, le Siam (poussé par l’Angleterre) prennent un territoire au nord de la frontière Vietnamienne espérant obtenir des territoires limitrophes du Fleuve Rouge que la France utilisait pour commercer avec la Chine. La république française passe alors en État d’alerte face à l’influence grandissante de l’Angleterre sur la zone.

En 1886, un accord franco-siamois est signé permettant l’installation d’un vice-consul à Luang prabang. C’est Auguste Pavis qui occupera cette fonction, s’employant à se rapprocher du roi Oun-Kham (à l’époque roi de la province).

Après une invasion par les « Pavillons-noir » soutenant des intérêts chinois et Vietnamiens en 1887, le roi de Luang Prabang promet à la France la mise sous protectorat de son royaume si le pays européen intervient, ce que la France fit en 1889.

Banière des pavillons noirs. Source : Wikipedia, “Pavillons noirs”, consulté le 15 Mars 2021.

L’empire colonial met alors le premier pied au Laos. Les activités économiques et religieuses dans la zone offrent l’occasion aux français de s’enraciner dans le reste du Laos. Auguste Pavis notamment permettra à la France de prendre petit à petit le Laos sur fond d’antagonisme entre la puissance européenne et le Siam.

En 1893, après plusieurs affronts de la part du Siam, la France envoie Auguste Pavie à Bangkok pour présenter un ultimatum tout en menaçant le royaume par une série de démonstrations navales.

Le Siam, menacé d’annexion pure et simple et ne recevant aucune aide de la part des anglais, signe un traité franco-siamois le 3 octobre 1893 par lequel il renonce à tous territoires au-delà du fleuve Mekong. Le Laos passe alors définitivement français.

Les ambitions françaises n’iront jamais plus loin que le Mekong du fait de la déclaration de Londres de 1896. Entente franco-anglaise promettant de laisser au Siam son indépendance afin de maintenir le royaume comme État tampons entre les deux puissances européennes.

C’est Auguste Pavis, artisan de la colonisation et négociateur en chef durant les discussions de la déclaration de Londres, qui deviendra le premier commissaire général au Laos en 1894.

Portrait d’Auguste Pavis de la bibliothèque patrimoniale de Gray. Source : Wikipedia, “Auguste Pavis”, consulté le 15 Mars 2021

Le découpage des frontières entre le Siam et la France s’achève réellement en 1907 à Bangkok par un accord franco-siamois très peu soucieux des réalités ethniques et historiques.

Sources :

Image de tête de page : Atlas-Historique.net, (2002). “L’expansion coloniale française en Indochine (1859-1907)”. En ligne (Consulté le 15 mars 2021).

Lévy, Paul (1974). Histoire du Laos. Paris : Presses universitaires de France. 

Souk-aloun, Phou Ngeun (2002). Histoire du Laos Moderne (1930-2000). Paris : L’harmattan.